frederikke nielsen
« Je dois aller au boulot, Sassy, tu t'occupes que Ev' fasse ses devoirs ? ». Je ne sais pas où ma soeur comptait déguerpir, mais ça n'a pas l'air de lui faire du tout. J'ajustais mon haut blanc qui tombe par-dessus le minuscule short que je porte. Ils appellent ça un uniforme, moi j'appelle plutôt ça mon kit de salope « Putain Rikke, t'a l'air de faire le trottoir ». Je me retourne pour voir Saskia, 19 ans, les cheveux remontés sur sa tête, une tunique couverte de peinture parce qu'elle s'est imaginé un truc de dingue qu'elle fait dans sa chambre, alors que j'lui ai demandé d'épargner ce petit, plutôt minuscule même, appartement où je nous tiens réunis, les trois enfants d'un clan dissous « La traînée te fait dire de t'occuper de ton frère et que c'est ça qui ramène le fric pour tes hobbies de dingue, compris? ». Je passe la main dans mes boucles, jette un dernier coup d'oeil à mon reflet en levant les yeux au ciel. J'ai l'air d'une bordel de barbie, mais je fais tellement d'argent avec des tenues pareilles que je peux pas voir autrement. Du blé, j'en ai besoin. J'veux pas que ma soeur travaille, j'veux qu'elle se force à performer à l'école pour recevoir une bourse. J'pourrai jamais lui payer les cours à l'université, alors il faut absolument qu'elle soit la meilleure. Je lui mets de la pression, j'en suis sincèrement désolé, mais je veux qu'elle soit heureuse, je veux qu'elle réussisse, je veux éviter qu'elle doive dévoiler sa peau claire et son teint ivoire comme moi je le fais. Ma petite-soeur, mon petit-frère et moi. C'est tout ce qui importe. C'est tout ce qui me fait avancer, qui me donne la force d'me réveiller le matin pour aller en cours quand j'suis couché depuis trois heures maximum. Je les aimes, c'est tout « Sois sage Sassy ». Elle rigole, puis me lance « Si t'en fais autant ». Ça, c'est pas certain. Les ivrognes sont pas des enfants de choeur, et la chair leur fait perdre la raison, mais au moins, ça leur ouvre un peu le porte-feuille. Allez Rikke, au boulot!

semyon hansen
« Tu veux quoi ? » qu'elle lance, bouffée de cigarette s'envolant en cercle au-dessus d'elle. Ce n'est pas la première fois que Saskia pose les yeux sur Semyon. Elle sait ce qu'il ressent pour sa soeur, une attirance qu'il ne comprend pas puisqu'il n'a jamais été plus loin qu'un léger égarement, un rapprochement bénin, dans la bibliothèque de l'université. Si elle adore sa grande soeur pour tout ce qu'elle lui a apporté, tout ce qu'elle lui a donné, elle déteste que celle-ci lui vole la vedette. Qu'elle soit le centre de l'attention. Il y a d'abord eu Jacob, pour qui Sassy en pinçait dès son arrivée, et il a fallu que ça se reproduise de nouveau. Que ce soit autour d'un autre garçon qui lui aurait foutrement plu qui s'intéresse à Frederikke. Il est beau comme un putain de dieu avec sa chemise à carreaux, ses cheveux n'importe comment, son air à la fois malicieux et indéchiffrable, mystérieux « Pas le droit de te regarder? T'es casse-pied Saskia ». Elle se retrouve droite comme un piquet. Il a pas le droit de lui dire ça. Il n'oserait jamais avec Rikke, elle en est certaine. Eh bien tant pis, ce n'était pas sa soeur avec qui Semyon s'envoyait en l'air depuis deux semaines « Tu me demandes pas ce que moi, je veux ? ». C'est tellement facile à deviner. J'écrase ma cigarette sous mon talon, puis avance vers lui, attirant Semyon contre moi en agrippant son t-shirt « Je m'en doute ». Sa voix devient rauque. Elle capte, c'est le moment ou jamais. Elle presse ses lèvres contre les siennes, espérant que ça lui fasse oublier qu'il veut Frederikke. Qu'il ne pense qu'à elle. Au moment où il la soulève, elle soupire de contentement. Si son esprit reste encore à corrompre, faut croire que son corps lui appartient déjà...